Intervention de Bernard Thibault à Crolles le 2 avril 2007

mardi 3 avril 2007, par byrad

Chers amis, chers camarades,

Avant toute chose, je voudrais vous dire le plaisir qui est le mien de me retrouver parmi vous pour cette initiative qui s’inscrit dans la semaine de syndicalisation que la CGT organise dans tout le pays.

Notre objectif est de débattre avec tous les salariés qui le souhaitent et quelles que soient leurs qualification ou leur statut, du syndicalisme,de son utilité et de l’implication de chacune et chacun pour donner plus de poids à vos revendications.

Le syndicalisme a besoin de se renforcer pour être une force collective qui compte. Une force dont les propositions pour sortir de la crise sociale actuelle, soient retenues.

Depuis le début de l’année, les conflits sociaux se multiplient. Ils répondent à des attentes sociales qui ne sont pas satisfaites concernant les salaires, l’emploi, les délocalisations, la précarité grandissante qui minent la vie des salariés.

Il n’y a pas aujourd’hui d’autres urgences que de répondre à ces attentes sociales en redonnant une consistance à une politique industrielle dans notre pays.

Les salariés d’Alcatel-Lucent, ceux d’Airbus,ceux de GDF et du port de Marseille, pour ne prendre que ces exemples d’actualités sont engagés dans des mobilisations qui portent ces questions sociales et industrielles. Celle-ci sont aussi au cœur de ce pôle de compétitivité grenoblois dédié à la micro-électronique ou des industries chimiques et papetières des vallées toutes proches.

Prenons l’exemple des conflits AIRBUS et ALCATEL-LUCENT. Voilà des groupes de premier plan, dont le carnet de commandes est rempli pour plusieurs années, qui font des bénéfices dans des domaines de hautes technologies, et qui annonce des plans de restructurations drastiques à l’échelle internationale dont l’une des conséquences est la fermeture ou la vente d’usine et la suppression de plusieurs milliers de postes et bien plus encore dans leurs réseaux d’entreprises sous-traitantes.

C’est un énorme gâchis industriel, technologique et humain !

Lorsqu’on sait que l’unique motivation de ces plans est l’exigence d’un plus grand taux de rentabilité financière pour les actionnaires, la bataille syndicale ne peut se cantonner à rendre le scandale socialement supportable. Les salariés doivent pouvoir débattre du bien-fondé des choix stratégiques et financiers qui conditionnent l’avenir des entreprises.

Les logiques à l’œuvre chez Alcatel-Lucent et chez Airbus on les retrouve ici à Grenoble eu sein de vos entreprises du pôle micro-électronique : STMicroelectronics, NXP, Freescale …

N’est-ce pas aussi pour satisfaire aux demandes des marchés financiers à la recherche de forte rentabilité que STMicroelectronics s’est engagé dans un modèle de développement où la production se fait en Asie alors que la recherche et les produits avancés -mais pour combien de temps- se font en France et en Asie. En disant cela nous empruntons rien à un discours nationaliste nauséabond opposant les salariés des différents pays, nous dénonçons des stratégies sociales et financières qui vont à l’encontre des besoins de développement équilibré de la planète.

Aujourd’hui, la délocalisation est utilisée partout comme un moyen de chantage pour extorquer de nouvelles concessions salariales. Nous dénonçons ce chantage mais, si nous voulons le combattre efficacement nous devons faire plus !

Arrêtons le massacre ! Il faut réorienter les ressources disponibles des firmes vers les besoins. Ces 5 dernières années ce sont plusieurs milliards d’euros de cadeaux fait aux actionnaires sous forme de rachat d’actions, des milliards d’euros totalement stérilisés contre l’emploi et la croissance. C’est intolérable le la part de ceux qui affirment qu’il manque de l’argent pour augmenter les salaires, développer la recherche, investir dans les nouvelles technologies. Les grandes firmes font des bénéfices records. C’est l’ensemble des entreprises qui, l’année dernière, ont globalement amélioré leurs résultats, tandis que les salaires régressaient, les investissement stagnaient et l’emploi industriel diminuait.

Quand un emploi industriel disparaît, ce sont 4 à 6 emplois qui sont directement menacés dans la filière, dans les services ou dans d’autres activités du bassin d’emploi. Il n’y a pas de politique de l’emploisans une dimension industrielle affirmée et, s’il existe d’autres gisements pour d’autres potentialités, il est absurde et dangereux de penser qu’elles pourraient se développer « hors sol ».

Il n’y a pas de fatalité à la désindustrialisation. Par contre, il y a des décisions des directions d’entreprise et des pouvoirs publics qui peuvent précipiter la désagrégation du tissu industriel ou, au contraire, le stabiliser et le développer. C’est bien face à une telle alternative que nous sommes.

L’État n’est pas condamné à être un spectateur, il peut agir au plan local, au plan national jusqu’au niveau européen.

Ainsi, il est urgent que les pouvoirs publics définissent et imposent les grands axes d’une politique industrielle pour la micro-électronique, avec comme objectif le développement de la Recherche et Développement et de la production en Europe.

Concernant STMicroelectronics, les pouvoirs publics doivent empêcher les suppressions d’emploi, exiger la relance du développement des technologies avancées, augmenter la part des capitaux public dans l’entreprise, agir pour une politique coordonnée au niveau européen.

Les pouvoirs publics doivent intervenir immédiatement pour que STMicroelectronics donne des signes forts quant à sa volonté de poursuivre une politique de développement en matière de recherche avancée et de production industrielle. Un premier geste fort et urgent serait l’annonce que STMicroelectronics va embaucher les salariés de NXP et de Freescale qui souhaitent rester.

Il est aussi urgent de faire plus au niveau européen. Pourquoi ne pas coordonner et mutualiser une partie de ces efforts réalisés en France, en Italie et en Allemagne via un accord et la création d’une agence européenne des semi-conducteurs, à laquelle, outre ces trois pays qui joueraient dans un premier temps un rôle majeur, d’autres pays pourraient se joindre ? L’Europe manque de grand projets industriels profitables à tous , créateurs d’emplois stables et qualifiés et impulsant la coopération entre pays. En voila un exemple qui de plus donnerait un sens à une Europe aujourd’hui en panne parce que limitée à n’être qu’un grand marché au seul profit des multinationales.

Au-delà du secteur de la micro-électronique, l’Isère est un département où existent historiquement des savoir-faire et des filières industrielles très diverses, qui se complètent. L’industrie chimique et l’industrie des papeteries sont aujourd’hui menacés. Certains disent que c’est ineluctable, que c’est « l’histoire ».

Pourtant la chimie est une industrie essentielle pour les autres secteurs, qu’il faut maintenir au plus près du consommateur pour des raisons environnementales et de sécurité. C’est aussi une industrie complexe, dont il faut préserver les savoir-faire.

Il en est de même de l’industrie papetière aujourd’hui en difficulté alors que les forêts sont en progression en France. Oui ! Il est possible de développer une filère bois complète en Isère, moderne et efficace.

La CGT revendique une politique industrielle en France et en Europe. nous revendiquons aussi une politique sociale digne de ce nom. Une politique qui respecte les femmes et les hommes qui travaillent dans les entreprises, qui s’appuie sur leur créativité.

Aujourd’hui, le management par le stress est devenu un mode de management naturel. Un salarié qui n’atteint pas ses objectifs est un salariénon performant. Un salarié non performant est un « mauvais ». Les « bons » doivent être récompensés et les « mauvais » sanctionnés. Les salariés les plus qualifiés en sont souvent les victimes, mais ils sont aussi placés eux-même en situation d’avoir à encadrer et évaluer. Si tout le monde parle de la valeur travail je constate que personne ne se penche sur les désordres du travail, le souffrance au travail. Personne ne se penche sur les enjeux liés à l’organisation du travail.

Il faut combler cette lacune et pour cela il faut un syndicalisme plus fort, plus exigeant, plus imaginatif et plus rassemblé.

La période des élections est un moment propice pour exiger que soient prises en compte vos aspirations. Notre pays a besoin de changements, il faut pour cela dialoguer, négocier avec les salariés et leurs représentants syndicaux, revivifier la démocratie sociale. Les « passages en force », les oukases sociaux, comme nous en avons connu ces dernières années ne sont pas dignes d’une démocratie moderne. Après les élections, il faudra de toute façon se mobiliser, proposer des solutions et pour cela le renforcement des organisations syndicales est indispensable.

La CGT pour sa part fait beaucoup d’efforts pour mieux répondre à vos préoccupations, pour donner force à la démocratie sociale, pour élaborer avec tous les salariés des propositions alternatives.

Nous portons aujourd’hui des revendications solides, crédible, innovantes comme celle, que tout le monde reprend aujourd’hui, de sécurité sociale professionelles pour sortir de la spirale du chômage.

Nous avons besoin de vous pour que le syndicalisme puisse peser encore plus dans le sens du progrès social.

À la CGT, depuis le début de l’année, nous avons enregistré plus de 13700 nouveaux adhérents, plusieurs centaines dans votre département de l’Isère. Nous avons créé récement de nouveaux syndicats sur ce pôle de compétitivité grenoblois notamment chez Freescale et NXP. Il tient à vous de renforcer ce courant.

J’invite donc tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à réfléchir et décider de leur adhésion à la CGT.

Bernard Thibault

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