La CGT STMicro, Freescale et NXP écrit au préfet

mardi 5 juin 2007, par CGT.ST-STE

C’EST A NOUS , SALARIES, DE DEFENDRE LA MICRO-ELECTRONIQUE, ET NOS EMPLOIS !

Dès le rachat de NXP et Freescale par des fonds LBO, la CGT a tiré la
sonnette d’alarme. Communiqués, articles de presse, rencontre au
ministère de l’Industrie … dès septembre 2006. Nous avons fait le tour denombreux élus politiques et responsables économiques.

Le 9 mars, les présidents du Conseil Régional Rhônes Alpes, du Conseil
Général de l’Isère, de la METRO, le maire de Grenoble, le député de
Crolles, ont écrit ensemble au premier ministre.

Le travail s’est poursuivi avec des démarches intersyndicales, comme la
rencontre à la préfecture le 29 mars ou des audiences à la Région. Des
démarches européennes communes sont aussi en cours.

De plus en plus de syndicats, de responsables économiques, d’élus,
s’inquiètent, même ceux qui au début avaient un avis réservé.
Il y a effectivement URGENCE.

Mais une chose est claire : ces démarches auront d’autant plus de
poids qu’elles s’appuieront sur la mobilisation des salariés. On l’a vu
récemment avec les mobilisations à Airbus et Alcatel.

Depuis septembre deux pétitions (CGT et intersyndicales) ont été signées en Isère. Plusieurs assemblées ont eu lieu à Grenoble et à Crolles. Une centaine de salariés (surtout NXP et Freescale) se sont rassemblés en intersyndicale devant la Préfecture le 29 mars. Un meeting avec B.Thibault, secrétaire général de la CGT s’est tenu le 2 avril devant Crolles, suivi d’une réunion publique à Grenoble le 3 avril.

Aujourd’hui nous ré-interpellons les pouvoirs publics.
Il faut prévoir de nouvelles initiatives, plus fortes, d’action.

La population, en France, en Europe, connaît les grandes industries
automobile, spatiale, avionique…
En manifestant par milliers en Isère, en France et en Italie, les
salariés de la micro-électronique doivent montrer concrètement
l’enjeu économique et social de notre industrie.

La CGT STMicro, Freescale et NXP écrit au Préfet de l’Isère, le 4 juin
(une lettre analogue a été envoyée aux Ministres M. Fillon et Borloo)

« … Vous avez reçu le 29 mars une délégation de l’ensemble des
syndicats de Freescale, NXP, STMicroelectronics, qui vous ont exposé
leurs vives inquiétudes pour l’emploi et pour l’avenir de l’industrie
microélectronique en Europe, en France et en Isère.

Une demande a été faite au nom de ces syndicats pour une
nouvelle entrevue, pour recueillir les réponses aux questions
posées et faire le point sur les nouveaux développements de la
situation. Nous attendons donc une date pour cette entrevue.

En ce qui concerne la CGT, nous attirons votre attention sur
l’URGENCE de la situation. Nous envoyons en parallèle un courrier à
M.Borloo, mais la situation iséroise mérite d’être regardée
spécifiquement.

Tout d’abord, nous sommes maintenant entrés à Crolles dans la
phase où ce pôle PERD CONCRETEMENT DES EMPLOIS.

Des emplois d’ingénieurs, des emplois de R&D. En effet les sociétés
NXP (le 27 avril), puis maintenant Freescale ont mis en place des
accords favorisant exclusivement ou principalement les départs
volontaires. Nous rappelons que NXP comptait 250 salariés en janvier
2007 et Freescale 180. Or STMicroelectronics n’a repris que 21
personnes à ce jour d’NXP à Crolles.

La situation risque DE S’AGGRAVER suivant la teneur de
l’annonce que FREESCALE doit faire (début juin selon la direction)
sur la partie industrielle de Crolles-2. L’attitude de la direction de cette
société, conseillant aux salariés de faire des CV, et mettant en place un
accord de type « pré-PSE » nous fait craindre le pire.

La SECONDE ANNONCE DANGEREUSE CONCERNE ST, qui doit
« d’ici fin juin » annoncer avec qui elle compte développer la suite des
étapes technologiques.

Il est particulièrement étrange que la direction de ST continue à
envisager l’hypothèse « TSMC » , contre l’avis semble t-il des
responsables de Crolles et du Léti, alors que tout le monde sait que
cette solution conduirait à une vitesse accélérée à la mort de l’outil
industriel de ST, et notamment au non-développement d’un Crolles-2
industriel fort. De plus cette solution ne favorise pas le maintien de
Freescale à Crolles.

Mais au-delà de la question TSMC, la CGT considère qu’il faut
revenir sur la décision d’abandonner à Crolles la R&D sur le cœur
de la technologie.

Nous observons à Crolles les premiers effets de cette logique de
déclin : des dizaines d’ingénieurs de NXP et Freescale sont en train de
partir ; la question des machines possédées par NXP et Freescale
n’est pas réglée ; ST n’a pas une logique de maintien des
compétences et n’embauche les partants qu’au compte-goutte ;
elle se reconfigure « au minimum » pour faire face aux départs.
Ceci asphyxie Crolles et rendra même ST incapable de faire face au
développement des technologies dérivées ou spécifiques qui sont
censées être le point fort de Crolles. Si on laisse se dérouler le
processus en cours, on dépensera en R&D moins d’argent à Crolles,
avec moins d’effectifs. Ce serait un énorme gaspillage par rapport au
succès qu’a représenté Crolles jusqu’à ce jour, et remettrait en
question le regard positif que l’on peut avoir sur les efforts
(subventions, collaborations public-privé etc.) sur cette réussite.

La CGT estime que le succès de Crolles doit être prolongé, et qu’il
faut donc inverser les décisions en cours.

Nous vous demandons donc d’agir dans plusieurs sens :
Sur le plan STRATEGIQUE, c’est l’Etat actionnaire, dont vous êtes
le représentant en Isère, qui a les moyens :

  • De bloquer la prise de contrôle de ST par des fonds LBO
  • De mettre l’argent nécessaire (notamment en reprenant une part
    plus forte du capital de ST) pour que l’ensemble de la R&D puisse être
    poursuivie à Crolles
  • D’imposer aux dirigeants de ST une politique de développement
    de ST, notamment en refusant les solutions « tueuses de fabrication en
    Europe » comme un achat de la technologie à TSMC et en
    développant de fortes unités industrielles (contrairement à la stratégie
    d’allègement des unités de fabrication, dite « fablight »)

Par ailleurs nous attirons votre attention sur l’opération en cours
concernant le secteur « mémoire » qui représente 4000 salariés de
ST. Le PDG de ST a annoncé sa sortie du périmètre de l’entreprise. La
France est certes peu touchée, et c’est essentiellement l’Italie qui est
concernée en Europe. Mais cette opération peut être le prélude à
d’autres du même type, conduisant à un éclatement de ST et à un
rachat par des fonds. La force de ST est de couvrir une large gamme
de produits et d’en maîtriser la R&D, la conception, la fabrication et la
vente. De la même manière qu’il est très dangereux de s’affaiblir en
R&D ou en production, il est périlleux pour l’avenir de laisser ST se
séparer de parties essentielles de son catalogue de produits.

Sur le plan ISEROIS, dans ce contexte, nous vous demandons :

  • D’agir auprès des sociétés Freescale et NXP pour qu’elles
    acceptent le débat économique avec leurs comités d’établissement,
    débat aujourd’hui refusé. De faire en sorte que les accords
    d’entreprises respectent la loi, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
  • De demander à ces sociétés des explications sur les subventions
    reçues, subventions justifiées à condition de se situer dans la durée.
  • D’intervenir auprès de STMicroelectronics Crolles et Grenoble (où
    des dizaines de postes sont ouverts) et du Léti , pour que tous les
    salariés de Freescale et de NXP qui le désirent puissent être transférés
    dans ces sociétés, de sorte de maintenir le maximum de
    compétences possible.
  • Que dans le cas où des PSE soient ouverts, ceux-ci intègrent au
    minimum toutes les mesures déjà inscrites dans les textes signés par
    les directions, et qu’ils comportent, en matière de reclassement une
    obligation de résultats et non pas de moyens.

La France et l’Europe considèrent à juste titre, dans les discours,
que la micro-électronique est une industrie qu’il faut maîtriser
(« stratégique »). La question est de passer aux actes. »