IBM pourrait s’associer à STMicroelectronics et à Freescale

jeudi 21 décembre 2006, par byrad

IBM pourrait s’associer à STMicroelectronics et à Freescale

LE MONDE | 21.12.06 | 14h16 • Mis à jour le 21.12.06 | 14h28
CROLLES (Isère)

ENVOYÉ SPÉCIAL

Les fabricants de semi-conducteurs franco-italien STMicroelectronics et américain Freescale ont engagé, selon différentes sources, des discussions avec le groupe informatique américain IBM pour l’associer, à Crolles (Isère), à leurs travaux communs de recherche et développement (R & D) sur les techniques de fabrication les plus avancées des « puces » électroniques.

STMicroelectronics et Freescale cherchent à pallier le retrait attendu, mais toujours pas officialisé, du fabricant néerlandais de semi-conducteurs NXP (ex-Philips) du partenariat qu’ils ont engagé depuis 2003 - cette association a été baptisée « L’Alliance-Crolles 2 ».

L’entrée d’IBM est une solution avancée par la direction de Freescale, selon un familier du dossier. L’objectif est de continuer à partager des coûts de R & D qui sont de plus en plus lourds dans cette industrie.

IBM n’est pas un acteur « visible » dans les semi-conducteurs. C’est-à-dire qu’il ne vend pas ou peu de composants à des tiers, se concentrant sur ses besoins. A ce titre, le groupe a conservé d’importants travaux de R & D, ainsi que des unités de production.

IBM et Freescale travaillent ensemble depuis plus de dix ans sur les microprocesseurs - la famille PowerPC -, ces composants qui agissent comme les « cerveaux » des ordinateurs et de nombreux autres appareils électroniques.

Michel Mayer, le PDG de Freescale, est par ailleurs un ancien IBM : il y a passé dix-neuf ans, dirigeant l’activité micro-électronique avant de rejoindre Freescale.

Selon un familier du dossier, l’option IBM s’est peu à peu imposée à la direction de STMicroelectronics. Celle-ci est allée aux Etats-Unis dernièrement, laisse-t-on entendre au sein du groupe à Grenoble.

Une autre option a été avancée ces dernières semaines pour pallier un départ de NXP : associer le taïwanais TSMC (Le Monde du 6 décembre). L’identité de ce dernier - un « fondeur » qui ne développe pas ses propres puces mais fabrique uniquement pour le compte de tiers - a provoqué des remous chez STMicroelectronics, mais aussi du côté des pouvoirs publics et des collectivités locales qui soutiennent financièrement Crolles.

La récente démission de Philippe Geyres de la direction de STMicroelectronics (Le Monde du 14 décembre) est interprétée comme un signe que l’option TSMC a perdu du poids : il était réputé partisan d’une plus forte sous-traitance en Asie.

INQUIÉTUDE DES SALARIÉS

Sur le site de Crolles 2, l’inquiétude est palpable. Particulièrement chez les quelque 240 salariés de NXP - ceux de Freescale sont environ 180 - confrontés à l’absence d’information, comme le souligne une élue CFDT. Ces salariés sont essentiellement des cadres, dont quelques-uns sont des expatriés (une quinzaine chez NXP, environ 50 chez Freescale).

La direction de NXP n’avait toujours pas indiqué, jeudi 21 décembre en début de matinée, ce qu’elle entend faire. L’accord entre partenaires de « L’Alliance » prévoit que si l’un d’eux ne veut pas prolonger la coopération au-delà de fin 2007, terme du programme actuel, il doit le dire avant fin 2006.

Des comités d’entreprise extraordinaires étaient convoqués, jeudi, à Crolles 2, Au menu : « retour » sur la réunion du conseil de supervision de « L’Alliance » de la veille. « Ce n’est pas pour autant qu’il y aura une communication officielle », faisait toutefois valoir, mercredi soir, un porte-parole de STMicroelectronics à Crolles.

Les modalités financières d’un départ de NXP ne sont pas réglées, selon certaines sources. Un élu CGT indique que la direction de STMicroelectronics a aussi laissé entendre, lors d’un comité central d’entreprise mercredi, que l’option d’un départ de « l’Alliance » ne ferait pas consensus chez NXP.

Philippe Le Cœur

Article paru dans l’édition du 22.12.06.