Le gouvernement italien a annoncé jeudi 21 novembre son intention de céder un certain nombre de participations détenues dans diverses entreprises, dont STMicroelectronics.
L’objectif serait De « diminuer la dette ». Sur le plan global l’absurdité de cette mesure apparaît quand on sait que ces privatisations correspondent à environ 0,3% du PIB italien alors que la dette s’élève à 133% de ce PIB.Sur les 2000 milliards € de dette publique, 700 sont détenues par des fonds spéculatifs, 100 Md € sont detenues par la Banque Centrale Européenne, 50 Mds pour les banques françaises et 40 Mds pour les banques allemandes. En fait, l’Etat Italien compromet un peu plus son secteur industriel pour pouvoir rembourser les banques et les fonds d’investissements, qui sont les responsables de la crise actuelle !
Cette mesure aurait de graves conséquences pour STMicroelectronics car la vente de la part italienne détruirait le pacte d’actionnaires en vigueur entre l’Etat italien et l’Etat français, pacte qui protège notamment l’entreprise contre des OPA. Elle accentuerait les risques d’éclatement et de repli vers une stratégie de niche de STMicroelectronics. Avec toutes les conséquences probables sur l’emploi.
Cette éventuelle sortie de l’Etat italien irait complètement à contre sens des discours tenus en mai 2013 par la commission européenne, discours prétendant redévelopper la micro-électronique en Europe. En Italie, plusieurs réactions syndicales et politiques se sont produites face à cette annonce, qui nie toute politique industrielle.
Nous espérons que le gouvernement italien n’ira pas jusqu’au bout de cette annonce de retrait.
Mais il est clair que le fait même qu’on puisse faire de telles annonces montre la dangerosité des politiques d’austérité basées sur l’impératif de la « réduction de la dette ».
La micro-électronique est l’industrie de base des nouvelles technologies et l’Europe y a pris un retard énorme. La CGT estime qu’il faut au contraire renforcer la présence et la coopération des Etats dans ST, et renforcer le soutien public, des Etats et de l’Europe, à la micro-électronique. En reprenant les investissements industriels et les embauches et en revenant dans les principaux secteurs de cette industrie, dont beaucoup ne sont plus - ou peu- couverts en Europe.
La CGT, à l’unisson des syndicats italiens, souhaite le maintien de la participation paritaire des Etats. Mais si l’Etat italien faisait le choix négatif d’un retrait, la CGT demande au gouvernement Français de reprendre les parts qui seraient cédées pour que soit conservé un actionnariat étatique suffisamment fort
« NANO 2017 » COMMUNIQUE CGT ST & SOITEC
« Nano 2017 » comporte un programme de dépenses sur 5 ans, avec une part de subventions publiques (Etat et Europe principalement). Le projet inclut l’extension progressive de Crolles-300.
Compte-tenu de l’importance de la micro-électronique pour l’ensemble de l’industrie moderne et des retombées sur l’emploi, la CGT juge positive la poursuite des investissements publics dans ce domaine.
Par contre :
Un exemple simple en est le maintien du versement de dividendes élevés par STMicroelectronics alors que des subventions publiques sont versées et que tout l’argent devrait servir à investir.
Pire l’abandon par STMicroelectronics du cœur de la téléphonie mobile (suite à l’arrêt de STEricsson) fragilise tout son secteur « numérique », « digital ». Tourner le dos aux grands marchés de masse les plus en pointe technologiquement limite considérablement les ambitions industrielles et les créations d’emplois. La nouvelle technologie FDSOI issue du travail collaboratif de ST, du CEA et de Soitec est une opportunité de rentrer sur ces marchés de masse. Encore faut-il passer des démonstrateurs prometteurs à la production. Ce que ne permet pas la stratégie actuelle de ST.
La volonté du PDG de ST de réduire avant tout les dépenses et de réduire les investissements industriels va dans le même sens négatif. Un repli économique majeur entraînant des milliers de licenciements.
Ces licenciements ont commencé hors France et Italie. Ottawa, Bristol, Genève… sont les premiers sites ST touchés ou fermés. Des centaines de vies bouleversées. Des compétences détruites qui fragilisent les sites restants, comme on le voit avec la fermeture de Bristol. Même en France, cette stratégie menace l’emploi à terme dans certaines zones, comme Rousset en Provence. L’avenir de Tours reste peu clair.
« Nano 2012 » n’a déjà pas tenu ses objectifs de création d’emplois (une centaine d’emplois créés contre 660 prévus). Pour Nano 2017, le problème va t’il être « résolu » par l’absence d’engagements ? La direction explique qu’elle a eu la correction de reprendre en France les salariés de ST-Ericsson. Mais c’est elle qui a pris la décision d’arrêter ST-Ericsson ! Et 1700 salariés STE viennent de perdre leur place, dans le monde.
La CGT demande aux pouvoirs publics d’impulser à STMicroelectronics un changement de direction et surtout de stratégie. Il faut une stratégie de redéveloppement dans tous les grands domaines de la microélectronique (multimédia, mémoire, microprocesseurs etc…).
Concernant Soitec, au vu des échéances à court-terme (choix des technos par les clients potentiels), la situation actuelle de Soitec (réduction d’effectif, chômage partiel, refinancement de sa dette suite aux très lourds investissements dans le solaire) est inquiétante et nécessite un soutien actif de l’Etat. Les conséquences sociales d’un échec du FDSOI seraient très lourdes sur tout le bassin d’emploi.
Notre industrie doit servir l’emploi et les grands besoins de la population. Elle doit être compatible avec le respect de l’environnement et se traduire par un progrès social pour les employés. 19/7/2013
Depuis le 20 mars au soir, les salariés de la Fab de Rousset sont en grève. La raison est simple : lors de la réunion de négociation du 20 mars, la direction a renié l’engagement qu’elle avait pris le 6 mars d’accorder une augmentation « plancher » en fixe. Elle a certes accordé 1,7% d’augmentation générale mais ceci représente 25€ pour un salaire de 1500€. On est bien loin des 100€ revendiqués, bien loin de ce qui serait nécessaire pour donner un peu d’air aux bas et moyens salaires. Il est donc nécessaire de répondre aux grévistes sur ce point. La CGT interpellera aussi le gouvernement, qui vient de décider le renforcement de la part de l’état dans le capital de ST. A lui, qui parle constamment de « pouvoir d’achat » de pousser la direction de ST à écouter ses salariés.
Depuis jeudi soir 31 janvier, la production et le test débrayent à Rousset, à l’appel de la CFDT et de la CGT. Trois heures par poste. Vendredi, trois équipes avaient déjà participé à l’action, qui est bien suivie. Les revendications ? Une partie est « locale » : alors que la Fab a tourné à plein en 2007, les primes de prod ont… baissé ! Les salariés demandent donc leur dû, soit environ 500€. Ils veulent aussi qu’on revalorise leur prime de transport, car les coûts des carburants ont fortement augmenté. L’autre partie concerne les NAO (négociations annuelles obligatoires), fixées au 28 février pour l’ensemble de ST-France. Les syndicats veulent des augmentations générales, couvrant l’inflation et avec un plancher permettant de relever les bas salaires.
La CFDT insiste plus sur la partie « locale », la CGT sur les salaires de base. Mais l’unité est là et c’est le principal. Lundi, les deux autres équipes agiront. Le DRH a dit hier qu’il ne voulait pas négocier. Mais les délégués vont ré-interpeller la direction. Si celle-ci reste sourde, il y a fort à parier que les débrayages reprennent la semaine suivante.