La formation

vendredi 3 novembre 2006, par byrad

Depuis quelques mois des négociations ont eu lieu à ST-France sur la formation et le DIF. A cette occasion nous faisons le point sur ce dossier « formation ».

Traiter de la formation, c’est avant tout s’interroger autour d’un certain
nombre de principes qui régissent la vision sociale de la CGT.

Rembobinons, dans un premier temps, le fil de l’histoire,
pour nous souvenir de la naissance de ce concept de formation, dans l’industrie.

Former, aux débuts de l’industrialisation, ne faisait pas partie des préoccupations majeures des grands patrons.
De luttes sociales en négociations ardues, la formation est arrivée dans le monde du travail, sous la forme d’une taxe, affectant les entreprises, refusant de se soumettre à cette obligation légale.

Il faut bien reconnaître qu’il y avait mieux pour devenir un « best seller » !

Donc, disons-le tout net, dès le début la formation a été vécue comme une contrainte par le patronat.

Effet quasi immédiat, le fossé s’est rapidement creusé entre les grosses structures, lui ont mis en place des moyens logistiques pour s’astreindre à cette obligation et les PME, qui, très longtemps, se sont contentées de verser leur taxe, faute de proposer des programmes de formation.

En répondant à une obligation légale, on omettait toutefois de traiter la problématique centrale à laquelle devait répondre la formation et qu’on pourrait résumer en quelques questions :

* « Pourquoi former les salariés ? »
*« Comment former les salariés ? »
*« Quels résultats attendus ? »
*« est-ce que la vision formation est partagée par le patronat et les salariés ? »

Les années ont passé, mais force est de constater que toutes les interrogations n’ont pas trouvé de réponse.

Pour preuve, les grandes lignes qui avaient été définies à l’époque, sont toujours celles qui inspirent nos dirigeants.

Le patronat répond toujours à une obligation légale, vécue comme une astreinte !
Les grands axes de formation sont exclusivement définis par le management !
La valeur ajoutée des heures de formation a toujours autant de mal à être mise en exergue !

Le fossé entre grandes entreprises et PME est toujours aussi flagrant !

Comble d’ironie, comme si cela ne suffisait pas, la réforme de la formation professionnelle a rajouté de la confusion, en instaurant le DIF (droit individuel à la formation), qui est aujourd’hui, tout, sauf un droit.

Sous couvert d’être un « Droit individuel à la formation », cette disposition est actuellement perçue comme une contrainte supplémentaire par le patronat, qui fait tout, sauf, prendre en compte l’envie exprimée par les salariés.

Il nous semble donc nécessaire, de vous rappeler les dernières étapes d’un scénario de négociation, que la CGT n’a pas souhaité ratifier, car ne correspondant pas à notre éthique de la formation.

L’enjeu central de cette négociation de la direction, c’est la nouveauté que constitue le DIF, les autres mesures étant déjà en place chez ST.

Acte 1
Avril 2004,le conseil constitutionnel a validé une nouvelle loi relative à
la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social .

Le DIF fait partie de cette loi.
LE DIF A ETE INITIE PAR UN ACCORD INTERPROFESSIONNEL EN NOVEMBRE 2003. LA CGT A SIGNE CE TEXTE NOTAMMENT PARCE QU’IL PRESENTAIT UNE AVANCEE POUR LES PME.

MAIS LA LOI A DONNE UNE INTERPRETATION RESTREINTE DU TEXTE, ET UN ACCORD DE LA METALLURGIE (NON SIGNE PAR LA CGT)ENCORE PLUS. D’OU LES DIFFICULTES QUE NOUS RENCONTRONS DANS LES NEGOCIATIONS DANS LES ENTREPRISES.

Que nous propose le DIF :
Chaque salarié doit être informé, chaque année, par écrit du total de ses droits à la formation, acquis.

Ils correspondent à 20h par année, qui peuvent se cumuler au
maximum sur 6ans (soit 120 h).

Normalement, par accord collectif, les priorités des actions de formation, reconnues au titre du DIF, devraient être définies.

A défaut, la loi inclue :
* des actions de promotion, acquisition, entretien, perfectionnement de connaissances ou qualification (bref, on peut mettre beaucoup de choses, et un peu tout ce qu’on veut !!!).
* La demande de bénéfice du DIF, relève de l’initiative du
salarié.

Acte 2
A ce jour,n’étant pas informés de cette loi, les salariés, dans les faits, n’ont toujours pas réclamé leur D.I.F.

Il est donc tout à fait regrettable que ST n’ait toujours pas communiqué sur ce sujet, + de 2 ans après l’arrivée de cette nouvelle loi.

La demande de D.I.F s’effectue par écrit (encore faut-il qu’il existe un document de référence !) auprès de l’employeur qui a un mois pour y répondre (sachant que faute de réponse, c’est l’acceptation qui prévaut !).

L’accord de branche prévoit que le DIF puisse s’exercer en partie pendant le temps de travail et que les heures passées en formation soient rémunérées comme temps de travail.

Depuis avril 2004, chaque salarié aurait du être informé du DIF (droit individuel à la formation), qui donne droit à 20h de formation chaque année.

Aujourd’hui ST doit 50h de formation à chaque salarié, et bientôt 60h…

Parallèlement, de nombreuses demandes de formation (cours d’anglais, cours de communication, bureautique) ne sont plus accessibles aux opérateurs , techniciens et administratifs.

Le DIF doit permettre à chacun de bénéficier d’apports de connaissances souhaités et non pas imposés, comme c’est le cas, dans le plan de formation.

Acte 3 : la position de la CGT.

* La CGT, persuadée que le D.I.F doit répondre à des demandes qui partent de l’envie des salariés, pour se développer, hors des canaux classiques, choisis par la direction (les programmes du plan de formation),exige que le DIF s’appuie essentiellement sur les désirs des salariés, en privilégiant la diversité et la liberté le choix de programmes.

* A contrario, coté direction, on met en œuvre toutes les stratégie pour dissimuler les formations dites « obligatoires » (plan de formation), sous le couvert du DIF.

Cette position, en totale opposition avec celle de la CGT, nous conforte dans notre attitude, qui aujourd’hui, nous conduit à ne pas ratifier cet accord de pacotille, servant uniquement les intérêts du patronat !

AUJOURD’HUI LE PROJET D’ACCORD SOUMIS A SIGNATURE PAR LA DIRECTION DE ST N’EST PAS SATISFAISANT. CEPENDANT IL FAUDRA QUE LES SALARIES ESSAIENT DE FAIRE VALOIR LEURS DROITS ET LEURS ENVIES.